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Un cheval et un homme en cage - une volière géante,
un canapé de cuir vieilli dans cette arène.
Danser cet indicible qui nous lie à l'autre,
nous fond dans l'autre sans jamais pouvoir s'y confondre, s'y dissoudre.
Danser le manque, sa brûlure, sa folie.
Le risque qu'il y a à aimer sur la voie de l'imprudence.
Un cheval nu, libre de ses mouvements, de sa fougue - son alter ego, son double,
son fantasme, son obsession, sa bête noire...


En 2010, Thomas Chaussebourg, commence à répéter un projet qu'il mûrit depuis de longues années : explorer dans un spectacle la relation du danseur au cheval.

Ma bête noire est le fruit d'un long travail de dressage sans selle ni enrênements avec son cheval War Zao, un frison étalon noir avec lequel il danse. Ce projet scelle également sa rencontre avec l'univers d'Alain Bashung dont les textes et la musique inspirent profondément le propos. Ma bête noire a été créé en 2011 et poursuit son aventure aujourd'hui.


LA DANSE

« (&) Le corps du danseur a cette prodigieuse faculté de produire du sens.
La question nest pas de dire sil est un bon ou un mauvais danseur, la question est quà travers sa corporalité il accepte de dévoiler lincroyable aventure de la vie et de décrypter avec courage, à travers son corps « linnomé » (&) »
Odile Azagury

Ma bête noire pourrait être une danse « instinctive ». Sappuyant sur une chorégraphie écrite mais aussi à partir dimprovisations, le mouvement sancre néanmoins au temps présent avec lanimal, lors de la représentation.
Sans user ni de selle, ni de mors, ni denrênements, le pari est de travailler avec un cheval nu, le révélant comme un partenaire danseur, et non comme une monture dressée et contrôlée.
Autour dun langage basé sur la relation à travers lespace et le contact, lenvie est de pouvoir jouer sur le contraste des énergies : entre violence et douceur, courses, ralentis / immobilités, gageant aussi sur la forte présence de lanimal dans la composition de tableaux ou de situations théâtrales. Laisser libre cours à « lêtre » autant que le « faire ».
Cette approche qui requiert un travail découte et une acuité particulière jette des ponts avec le thème central du spectacle. Puisque tout tend à être « apprivoisé ». Le danseur au cheval. Le cheval au spectacle. Lhomme du spectacle au manque, au tourment, à sa « bête noire » &

LA MUSIQUE

Alain Bashung possède cette faculté du verbe à double tranchant, poétique et cru, doux mais amer. Une façon de se rire de lui-même comme sil sagissait dun autre, se caricaturant un peu en dandy - looser des amours complexes et jamais assouvies.
Lanti-héros des textes de Bashung inspire celui du spectacle : une surface légèrement fardée comme pour cacher les ravinements intimes et profonds. Dégainant un rictus plus vite quune larme, l'homme y dévoile ses parties sombres dans une mise au point aussi désopilante que lucide.
Ainsi sest dessiné le pont entre lécriture du chanteur et les thèmes que nous voulions fouiller physiquement sur le plateau : la relation amoureuse jusque dans ses non-dits, lillusoire fusion et la course inexorable du temps.
Dans lalbum Limprudence, le plus introspectif de toute lSuvre de lartiste, la musique participe aussi à cette dualité. Entre embardées de violons, élégance du piano ou chaos rocks et électriques à la limite de la saturation.
Le choix des morceaux suit la trajectoire de lhomme, effeuillant ses tourments, ses fantasmes et la saoulographie de ses espoirs.
Lorchestration les accompagne soit en dilatant l'espace et la grandiloquence dans de somptueuses montées, soit en se cachant derrière la solitude dune voix lui laissant la conduite de l'émotion.
Chaque morceau prête à des situations théâtrales, dune tragédie minimale - cette tragédie des petits riens du quotidien dun couple - à la démesure la plus folle. Il y a de lépique et des précipités dans cette musique comme sur le plateau, du velours et de lécorché vif.
En mettant un corps sur les mots (maux ?) cest danser cet indicible qui nous lie à lautre, nous fond dans lautre, sans jamais pouvoir s y dissoudre ni ly résoudre totalement. Cet indicible que lorchestration ici laisse pourtant affleurer et sublime.
Sans illustration mais au contraire comme le prolongement dun procédé métaphorique cher à lartiste, usant datmosphères spécifiques et de collages surréalistes le souhait de « ma bête noire » est que lensemble donne à voir tout le cheminement dune pensée dont on pourrait conclure : « de la noirceur naît la beauté ».

L'ESPACE / L'ESTHETHIQUE

Une volière géante de 15m de diamètre pour 8 m de hauteur offrant des possibilités de voltiges aériennes, « volutes partent en fumée ».

Un espace ambivalent, entre extérieur et intérieur. Entre matériaux bruts et modernes. Une cage gigantesque dans laquelle « laigle prisonnier (&) ronge lentement les barreaux cuivre vert-de-grisés » ou encore, « en présence dune cage où sagite un serin ». Image substituée, analogie dune prison psychologique « jai fait la saison dans cette boîte crânienne ».

Au sol, une arène de terre battue.
Un mobilier contemporain et urbain.
Un canapé rouge, une méridienne, le divan ?
Robe noire du cheval sans apparat en opposition au costume contemporain, actuel de lhomme.
Deux mondes pour un seul espace :
Civilisé / Animal. Raisonné / Primitif.
Lanimal comme métaphore du monde intérieur de lhomme : sa pensée, sa psychologie, ses affres.